Cultural folies et dispositif paranoïaque
Postulons. — On admettra sans surprise que les « Cultural folies » font entrer dans leur champ les dispositifs paranoïaques. On se surprendra peut-être à constater que sa table des matières, dans l'exposé de ses rubriques générales, est un dispositif paranoïaque : c'est ce que nous affirmons. L'affirmer suffit à se dispenser de le justifier mot à mot. En effet, quelque soit les mots, il en est bien ainsi s'il sont utilisés comme tel. Nous postulerons ainsi que l'on peut extraire du sens de tout postulat dès lors qu'il réunit plusieurs objets tous porteurs d'un sémantisme dense. À cet égard, et par exemple, les mots « femme » et « pouvoir » sont des mots plus denses que « faucille » et « marteau ». Peut-être, un jour, serons-nous en état de conjecturer qu'un paranoïaque vrai est tout simplement un individu employant un dispositif paranoïaque faux, ou bien, combinant de manière notoirement fausse des dispositifs communément admis. Contentons-nous d’avancer que toute création culturelle, dès lors qu’elle comporte une avancée, ne peut être reconnue comme telle que si elle s’accorde au dispositif paranoïaque du lieu et du moment. Sinon, elle n’a pas d’autre avenir que d’assumer sa dose propre de « cultural folies » en attendant que le lent processus d’accommodation et d’assimilation n’ait fait son œuvre sur le dispositif lui-même. Ce peut être long.
Thérèse d’Avila attendra quatre siècle avant de recevoir le titre de docteur de l’Eglise. Un bon dispositif paranoïaque a toujours la vie longue — et la dent dure. De même que les oppositions de dispositif à dispositif, qui peuvent exister et exciter plusieurs générations successives. Ces dispositifs sont d’autant plus efficaces qu’ils ne sont jamais lus en tant que dispositifs communs mais en tant que dispositions individuelle, passant ainsi de l’appréciation des artefacts au jugement des personnes. La noèse est davantage abordée sous l’angle du phénomène cérébral et intime, plutôt que sous celui de la circulation et du partage des matières d’œuvre collectives et des processus de leur transformation. Il est vrai que sous cet abord, toute la complexité du faire ensemble se simplifie, se réduisant à crier au fou ou au génie. L’avers et le revers d’une même monnaie. — Monnaie de singe ou monnaie de signes ?